La maladie chronique et le vieillissement : une perspective de la santé publique
Conférencier : David Butler-Jones, M.D., M.Sc.S., LLD(h), FRCPC, FACPM, CCMF, Administrateur en chef de la santé publique.
Alors que les défis que doivent relever les aînés canadiens souffrant de maladie chronique occupent, à juste titre, l’attention des participants à la conférence, l’administrateur en chef de la santé publique du Canada, le Dr Butler-Jones, a invité les personnes présentes à réfléchir au sens du vieillissement. Bien que l’augmentation du taux de maladie chronique soit un problème de taille, il a noté que les aînés contribuaient de façon importante à la société et qu’il valait mieux vieillir tout en étant aux prises avec une maladie chronique que de mourir prématurément. Il a observé que le vieillissement n’est pas le cœur du problème, mais bien la façon dont nous vivons. Il ne s’agit donc pas uniquement d’une question de durée de vie.
La santé publique se traduit par une multitude de programmes et de services, mais constitue avant tout une manière de « comprendre les causes des causes ». Selon le Dr Butler-Jones, les initiatives en matière de santé publique permettent de mieux comprendre les rapports mutuels entre la santé physique et l’environnement social. Ainsi, le secteur de la santé publique occupe une place de choix pour conseiller d’autres secteurs, agir à titre de chef de file dans la promotion d’un vieillissement salutaire et impliquer des partenaires réputés provenant de tous les secteurs de la société afin de faciliter la création d’environnements sains et favorables.
Le secteur de la santé publique reconnaît l’importance de favoriser la santé à chaque étape de la vie et tient compte du fait que les résultats pour la santé constituent le reflet de la trajectoire de toute une vie. Un individu, par exemple, ayant vécu dans un milieu défavorisé pendant l’enfance est deux fois plus à risque d’accident vasculaire cérébral plus tard dans sa vie. Le Dr Butler-Jones a aussi remarqué que la recherche en santé publique a permis d’obtenir des données sur l’interaction des forces considérées comme déterminants de la santé, notamment la relation entre les indicateurs sociaux, les conditions chroniques et les vulnérabilités en matière de santé. Il a également abordé le Rapport sur l’état de la santé publique au Canada 2008 en insistant sur l’importance de comprendre les déterminants de la santé, puisque ceux-ci constituent la toile de fond et l’orientation de la prévention et de l’intervention. Il a également noté que la mortalité lors des récentes vagues de SRAS et d’infections à Listeria était associée à des conditions chroniques existantes. Le vieillissement de la population augmente la vulnérabilité.
Parmi les autres facteurs de vulnérabilité importants liés aux maladies chroniques et au vieillissement, on compte une auto-évaluation de la santé insuffisante et le fait de ne pas compter sur de solides réseaux sociaux. Les personnes ne jouissant pas de réseaux sociaux serrés (famille, amis, collègues, etc.) ont deux fois plus de chance de mourir prématurément que celles qui sont bien entourées.
En ce qui concerne la prévalence des maladies chroniques chez les aînés, le Dr Butler-Jones a rappelé qu’environ 85 pour cent des personnes âgées entre 65 et 79 ans et plus de 90 pour cent des personnes âgées de plus de 80 ans souffraient d’au moins une maladie de ce type en 2005.
Le Dr Butler-Jones a souligné que l’approche utilisée pour les maladies chroniques ne devait pas opposer les soins préventifs et les soins cliniques, mais plutôt viser leur coordination et leur amélioration. Il a abordé les interventions propres à ce type de maladie et a fait remarquer que celles-ci n’étaient pas incompatibles avec une vie salutaire. Cependant, il est nécessaire d’observer de quelle manière les interventions et une vie saine se conjuguent ou se chevauchent, notamment en ce qui a trait à l’intervention et aux facteurs de risque. Une perspective plus vaste tient compte de facteurs contextuels qui améliorent la santé et permettent la création de milieux salutaires, particulièrement en promouvant les caractéristiques et les infrastructures communautaires qui favorisent le vieillissement (p. ex. des communautés plus accueillantes et sécuritaires qui améliorent le soutien social et l’interaction, comme le modèle mis de l’avant par l’Initiative des collectivités-amies des aînés).
Parmi les exemples de domaines où le vieillissement et les maladies chroniques se rejoignent et où des initiatives de santé publique seraient profitables, l’on compte la prévention des chutes (notamment la conception et les infrastructures au niveau communautaire, en plus de la sensibilisation, l’éducation, l’évaluation, la mise en œuvre, la réduction des risques, etc.), la santé mentale, le soutien aux personnes soignantes (un aîné canadien sur douze fournit des soins à un autre aîné ayant un problème de santé à long terme), la préparation aux situations d’urgence, la violence et la négligence à l’égard des aînés et la promotion des communautés-amies des aînés. Finalement, il a indiqué que les aînés ne constituent pas uniquement un groupe vulnérable, mais représentent une richesse importante pour la communauté ainsi que des partenaires de grande valeur dans les efforts de l’Agence de la santé publique du Canada pour promouvoir l’amélioration de l’efficacité des soins de santé et de la planification de la sécurité.